GenUI Design : les nouveaux fondements du design d’interface générative

Le design ne se limite plus à créer des écrans, mais à concevoir des systèmes capables de se réinventer. Le GenUI pour Generative User Interface ouvre une nouvelle ère : celle d’interfaces dynamiques, intelligentes et contextuelles, qui s’adaptent en temps réel aux besoins des utilisateurs. Voici les 6 patterns fondamentaux à connaître pour concevoir ces nouvelles expériences.

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Depuis quelques années, le design de service vit une transformation profonde. Nous sommes en train de passer d’interfaces statiques et figées à des expériences dynamiques, contextuelles et auto-adaptatives.L’arrivée de l’intelligence artificielle générative a complètement redéfini la manière dont nous concevons et surtout, dont les utilisateurs interagissent avec les systèmes numériques. Aujourd’hui, j’aimerais aller plus loin et poser les bases d'une approche où l’interface ne se limite plus à afficher des écrans, mais se recompose en temps réel selon le contexte, les besoins et les intentions de l’utilisateur.

Qu’est-ce que le GenUI ?

Le GenUI n’est pas simplement une nouvelle mode dans le monde du design. C’est un changement de paradigme. Traditionnellement, les designers créaient des maquettes figées : chaque écran, chaque état d’interaction devait être anticipé. Avec le GenUI, l’interface devient vivante : elle se génère, s’adapte et se transforme à mesure que le système comprend mieux l’utilisateur.

Trois éléments structurent cette nouvelle génération d’interfaces :

  1. L’intelligence contextuelle – un modèle de langage (LLM) interprète les objectifs, les comportements et les signaux de l’utilisateur.
  2. Le design system – un ensemble de composants, styles et règles d’accessibilité que l’IA peut combiner librement pour produire des interfaces cohérentes.
  3. Le moteur de rendu en temps réel – c’est la couche visuelle : elle assemble à la volée les bons composants selon le contexte détecté.

Autrement dit : le designer ne dessine plus chaque interface. Il conçoit un système qui sait composer les interfaces de manière autonome.

Les patterns fondateurs du GenUI

Pour qu’un environnement génératif reste compréhensible et agréable à utiliser, certaines règles deviennent essentielles. Des solutions réutilisables qui permettent de structurer la complexité et de maintenir la confiance de l’utilisateur.

1. L’intention utilisateur

Dans un système piloté par l’IA, la première question est toujours : que veut l’utilisateur ? Capturer cette intention devient un design pattern à part entière.

Je combine souvent deux approches :

  • L’expression explicite : l’utilisateur formule directement ce qu’il veut (“Planifie un déplacement à Paris la semaine prochaine”).
  • L’interprétation contextuelle : l’IA complète l’intention en analysant les actions récentes, l’historique ou les données disponibles.

L’enjeu est de rassurer l’utilisateur sur la compréhension de sa demande : afficher un résumé clair de l’intention en cours (“Préparation du voyage à Paris”) suffit souvent à ancrer la confiance.

2. Le retour en arrière

Si tout se génère automatiquement, comment revenir en arrière ?
C’est un des plus grands défis du GenUI.

Deux solutions s’imposent :

  • L’édition des prompts précédents, qui permet à l’utilisateur de modifier une requête sans repartir de zéro.
  • Les “checkpoints”, sortes de jalons temporels où le système sauvegarde un état du contexte. L’utilisateur peut y revenir, explorer plusieurs chemins, ou comparer différentes versions.

Ce pattern devient essentiel dès que l’interface se met à “vivre” par elle-même.

3. La révélation progressive

Les systèmes génératifs ont tendance à en faire trop : trop d’options, trop d’informations, trop de texte. Pour éviter la surcharge cognitive, je privilégie une révélation progressive des fonctionnalités.

Le principe est simple : commencer par une réponse claire et concise, puis inviter l’utilisateur à préciser ses besoins pour enrichir la proposition. Par exemple, un assistant qui planifie un séminaire d’équipe pourra d’abord générer un plan sommaire, avant de demander : “Souhaitez-vous inclure le transport et l’hébergement ?”

Cette approche maintient le contrôle du côté de l’utilisateur, tout en rendant l’IA plus compréhensible.

4. Les actions contextuelles

L’un des pièges du design d’IA, c’est de supposer que l’utilisateur sait ce que le système peut faire. Or c’est rarement le cas.

Je m’appuie sur un pattern d'actions contextuelles: après chaque réponse, le système propose quelques options pertinentes liées à la tâche en cours.

Par exemple, après un plan de voyage, l’interface pourrait suggérer :

“Calculer le budget du séjour”
“Ajouter une escale à Lyon”

Trois à cinq suggestions maximum, renouvelées selon le comportement observé. Cela permet de guider sans enfermer.

5. Les points stables

Un environnement génératif, par définition, bouge en permanence. Mais une interface sans repère devient vite déroutante.

C’est pourquoi je définis toujours des points d’ancrage stables : une barre de navigation, un bouton “nouvelle tâche”, ou une zone d’historique persistante. Ces éléments fixes jouent le rôle de boussole cognitive. Même si tout le reste change, l’utilisateur garde un sentiment de contrôle.

6. La prévention des erreurs

Avec des systèmes capables d’agir seuls, la responsabilité du design devient cruciale. Un clic de trop peut lancer une action irréversible valider un paiement, supprimer un dossier, ou envoyer un message à la mauvaise personne.

Je privilégie un pattern de double validation :

“Proposer → Vérifier.”

Le système exécute toujours une étape intermédiaire de confirmation (“Souhaitez-vous vraiment réserver ce vol ?”). Ce n’est pas seulement une question d’éthique : c’est une manière de maintenir la confiance et de protéger la crédibilité du produit.

Les pièges à éviter

Certains patterns hérités du web classique ne fonctionnent plus dans un contexte génératif. Prenons l’exemple du feedback loop (le fameux 👍 / 👎). Sur le papier, ces boutons devraient améliorer la compréhension du modèle. En pratique, la majorité des utilisateurs les ignorent.

Résultat : un système qui apprend peu et une interface encombrée de signaux inutiles.

Le vrai feedback dans le GenUI n’est pas un clic, mais un comportement. Observer les corrections, les retours arrière, les ajustements de prompt c’est là que se cache l’information la plus précieuse.

Pourquoi ces patterns comptent pour les entreprises ?

Au-delà du concept, ces principes changent déjà la façon dont les logiciels métiers se construisent. Imaginez un CRM capable de reformuler une campagne marketing en langage naturel, ou un tableau de bord qui s’adapte à la maturité de son utilisateur. Ces systèmes n’ont plus besoin de cinquante écrans : ils s’auto-organisent autour des besoins réels.

Le gain n’est pas seulement ergonomique, il est économique :

  • Moins de formation nécessaire.
  • Meilleure adoption des outils.
  • Données plus fiables, car mieux renseignées.

Autrement dit, le GenUI ne remplace pas le design : il le réinvente comme un cadre de dialogue entre humains et machines.

Vers un design génératif responsable

Nous entrons dans une nouvelle ère du design d’interface : celle où la mise en page n’est plus dessinée, mais calculée. Notre rôle de designer change : il ne s’agit plus seulement de choisir la bonne couleur, mais de définir les règles du vivant numérique. Un bon système GenUI doit être clair, prédictible, éthique et réversible. Parce qu’au-delà de la technologie, c’est toujours la confiance qui détermine la qualité d’une expérience.

Et si l’avenir de l’UX se jouait moins dans les écrans que dans la manière dont ces écrans se redessinent d’eux-mêmes ?

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