Comment définir des critères de succès en recherche UX ?

Découvrez comment formuler des hypothèses et définir des critères de succès clairs pour transformer vos recherches UX en décisions stratégiques.

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Quand on parle de recherche utilisateur, on pense souvent aux entretiens, aux tests de prototypes ou aux sondages en ligne. Mais ce que j’ai constaté avec l’expérience, c’est qu’avant même de commencer, il faut clarifier deux éléments fondamentaux : l’hypothèse et les critères de succès.

Sans cela, la recherche peut vite devenir une simple « discussion utilisateur » un peu vague, qui ne nourrit pas vraiment le design et n’aide pas les équipes à avancer. Alors qu’au contraire, si on structure les choses, la recherche devient un véritable moteur de décision, capable d’orienter un produit et même une stratégie business.

Dans cet article, je vais partager ma manière de faire, en partant de mes propres pratiques et de situations que j’ai pu rencontrer au fil des projets.

L’importance de poser une hypothèse claire

Pour moi, une hypothèse, c’est comme un pari que je fais sur le comportement ou les besoins des utilisateurs. C’est une affirmation que je cherche à vérifier, soit pour la confirmer, soit pour la remettre en question.

La forme que j’utilise est assez simple :

« Je pense que [tel type d’utilisateur] fera [telle action] parce que [telle raison/contexte]. »

C’est un canevas minimaliste, mais il a le mérite d’aller droit au but.

Par exemple, sur un projet e-commerce, j’ai formulé l’hypothèse suivante :

  • Je pense que les nouveaux utilisateurs n’iront pas au bout de la création de compte si le processus est trop long, parce qu’ils veulent accéder rapidement aux produits.

Autre cas concret :

  • Je pense que les utilisateurs qui cuisinent préféreront chercher une recette par commande vocale plutôt qu’en tapant, parce qu’ils ont les mains occupées.

Ces phrases paraissent basiques, mais elles forcent à se mettre dans la peau de l’utilisateur et à verbaliser le pourquoi.

Les critères de succès : sans eux, on navigue à vue

Une fois que l’hypothèse est posée, je ne me contente pas de lancer des interviews et d’attendre ce que les gens vont dire. Je définis ce que je considère comme un « succès ». Autrement dit, quels signaux observables me permettront de dire que mon hypothèse est validée ou pas.

C’est ce que j’appelle mes critères de succès.

Ces critères peuvent être chiffrés (quantitatifs) ou basés sur des observations et ressentis (qualitatifs). L’essentiel, c’est qu’ils évitent les interprétations floues.

Par exemple, si mon objectif est de vérifier que l’onboarding d’une application est intuitif, un critère de succès pourrait être :

  • 80 % des participants doivent pouvoir terminer l’onboarding sans demander d’aide.

Cela m’évite de m’arrêter à des phrases comme « ça va, c’était assez clair » qui, prises seules, ne veulent pas dire grand-chose.

Ma méthode en trois étapes pour définir des critères solides

Au fil des projets, j’ai fini par me créer une petite grille en trois étapes.

1. Relier la recherche aux objectifs du projet

Avant de choisir un critère, je me demande toujours :

  • Qu’est-ce qu’on a vraiment besoin d’apprendre pour que le produit avance ?
  • Pourquoi c’est important maintenant ?

Ces deux questions m’obligent à relier mes critères de succès à un problème réel et, plus largement, aux objectifs business.

Si l’équipe veut vérifier qu’un parcours de paiement est clair, mon critère ne sera pas « les gens trouvent ça simple », mais plutôt « 95 % des utilisateurs réussissent à payer sans erreur et en moins de 2 minutes ».

Là, je sais que j’apporte une réponse actionnable à l’équipe.

2. Choisir le bon type de mesure

J’utilise trois grandes catégories de critères :

a. Les critères comportementaux (ce que les utilisateurs font)

Ils mesurent les actions concrètes.

  • Taux de réussite d’une tâche
  • Nombre d’erreurs commises
  • Temps nécessaire pour accomplir une étape
  • Parcours suivi (prévu ou détourné)

Exemple : « 80 % des testeurs trouvent le produit en moins d’une minute grâce à la recherche. »

b. Les critères attitudinaux (ce que les utilisateurs pensent ou ressentent)

Ici, je cherche à comprendre l’attitude et l’émotion.

  • Niveau de satisfaction (échelles type SUS ou notation 1-5)
  • Degré de confiance dans leur action (« Êtes-vous sûr d’avoir bien complété ? »)
  • Préférences déclarées entre plusieurs options

Exemple : « Note moyenne de satisfaction ≥ 4/5 pour l’expérience de recherche. »

c. Les critères business

Ce sont ceux qui font le lien avec les enjeux stratégiques de l’entreprise.

  • Intention de réutiliser (« Est-ce que vous vous voyez utiliser cette fonction régulièrement ? »)
  • Volonté de payer (utile pour tester un modèle de pricing)
  • Conversion ou engagement déclaré

Exemple : « 60 % des participants déclarent vouloir utiliser la recherche comme navigation principale. »

En général, je mixe les trois pour avoir une vision équilibrée.

3. Adapter les critères à l’étape du produit

Selon la maturité du produit, je ne mesure pas la même chose.

  • Phase d’exploration/prototype : je regarde surtout si les gens comprennent l’idée et si ça leur plaît.
  • MVP : je mesure davantage les comportements : est-ce qu’ils arrivent à accomplir la tâche, et en combien de temps ?
  • Produit en production : je me tourne vers l’impact business : est-ce que ça génère de la rétention, des inscriptions, du revenu ?

Par exemple, lors d’un test d’un prototype d’application médicale, mon critère principal n’était pas « ils terminent le parcours », mais « ils comprennent la logique et se sentent rassurés ». Une fois le produit lancé, la métrique pivot est devenue : « Nombre d’utilisateurs actifs hebdomadaires sur les parcours thérapeutiques. »

Des frameworks utiles

Quand j’ai besoin de structurer mes critères, je m’appuie parfois sur deux approches :

  • SMART : Spécifique, Mesurable, Atteignable, Pertinent, Temporel. C’est un bon filtre pour voir si mes critères tiennent la route.
  • OKR : Objectifs et Résultats Clés. J’aime bien les utiliser pour relier mes observations UX aux objectifs d’une équipe produit.

Quelques conseils pratiques tirés du terrain

  1. Ne pas surcharger : inutile d’avoir 15 critères par hypothèse. Trois bien choisis suffisent souvent.
  2. Ne pas se contenter du déclaratif : les utilisateurs peuvent dire « c’est simple » et pourtant échouer sur la tâche. Toujours croiser comportements et ressentis.
  3. Partager tôt avec l’équipe : quand les critères sont définis en amont avec le produit, le marketing et la tech, ça évite les débats sans fin après les tests.
  4. Penser au temps : certains critères ne se mesurent pas sur une session mais sur plusieurs semaines (par ex. : rétention).

En conclusion

Définir des hypothèses et des critères de succès n’est pas la partie la plus glamour de la recherche UX. Pourtant, c’est probablement la plus déterminante. Sans ça, la recherche reste floue et ses enseignements se perdent dans l’interprétation.

Avec des critères solides, au contraire, chaque test devient une brique objective qui alimente le produit et renforce la crédibilité de l’équipe design.

C’est ce qui me permet, à chaque projet, de ne pas simplement récolter des avis mais de véritablement transformer des observations en décisions.

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