La distinction entre accessibilité et design inclusif

Découvrez pourquoi accessibilité et design inclusif ne sont pas synonymes et comment les articuler pour créer des expériences vraiment ouvertes à tous.

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Je me rends compte que les mots que nous utilisons ont un poids énorme. C’est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de parler d’accessibilité et de design inclusif. Ces deux notions sont souvent confondues, parfois utilisées comme synonymes, alors qu’elles renvoient à des réalités différentes.

Pendant longtemps, j’ai moi-même employé ces termes de manière interchangeable. Je parlais « d’inclusivité » quand je faisais référence à l’accessibilité, et inversement. Mais plus j’ai travaillé sur des projets variés, plus j’ai compris qu’il était essentiel de distinguer ces deux approches. Cette distinction n’est pas qu’une question de vocabulaire : elle a un impact direct sur la façon dont on conçoit un produit, dont on le teste, et surtout sur l’expérience qu’il propose aux utilisateurs.

Dans cet article, je vais partager la manière dont je comprends et applique ces deux concepts, pourquoi ils sont complémentaires, et comment les articuler pour créer des produits réellement ouverts à tous.

L’accessibilité : un socle nécessaire

Pour moi, l’accessibilité représente avant tout un ensemble de standards et de bonnes pratiques qui visent à rendre un produit utilisable par des personnes ayant des limitations, qu’elles soient temporaires ou permanentes. C’est une exigence technique, souvent encadrée par des normes comme les WCAG, qui garantit que les interfaces respectent un minimum de critères pour être perçues, comprises et manipulées par le plus grand nombre.

Quand je pense accessibilité, j’imagine des fonctionnalités très concrètes : la possibilité de naviguer au clavier, l’ajout d’alternatives textuelles aux images, le contraste suffisant entre les couleurs, la compatibilité avec les lecteurs d’écran. Autant de détails qui, pris ensemble, déterminent si une personne en situation de handicap peut ou non utiliser un produit numérique.

L’accessibilité, c’est en quelque sorte la ligne de base. C’est ce qui permet de dire : « Ce produit n’exclut pas d’emblée certaines personnes. » Mais c’est aussi ce qui révèle nos manques : si l’accessibilité n’est pas prise en compte, alors une partie de la population est systématiquement mise de côté.

Le design inclusif : une démarche plus large

Le design inclusif va plus loin. Là où l’accessibilité cherche à compenser des limitations spécifiques, le design inclusif vise à concevoir dès le départ pour une diversité d’usages et de contextes. C’est une philosophie plus qu’un standard.

Dans cette approche, il ne s’agit pas seulement d’adapter une interface pour qu’elle soit utilisable par des personnes ayant un handicap, mais de penser dès la conception à une pluralité de situations : des utilisateurs novices comme des experts, des personnes jeunes comme âgées, des environnements calmes comme bruyants, des contextes de mobilité comme des moments de concentration.

Le design inclusif suppose de prendre en compte cette variété de scénarios, non pas comme des cas particuliers, mais comme la réalité du monde dans lequel évolue notre produit. En d’autres termes, il invite à ne pas concevoir pour un utilisateur moyen hypothétique, mais pour un éventail de situations concrètes.

Pourquoi la confusion persiste

Si la distinction entre accessibilité et design inclusif est si souvent floue, c’est sans doute parce que les deux approches partagent un objectif commun : élargir l’accès aux produits. De plus, dans le langage courant, « inclusif » a une résonance positive et semble englober toutes les dimensions de l’accessibilité.

Mais en pratique, confondre les deux concepts peut être contre-productif. J’ai déjà vu des équipes se contenter de cocher quelques critères d’accessibilité et considérer que le produit était « inclusif ». À l’inverse, certaines entreprises se lancent dans des démarches de design inclusif ambitieuses sans respecter les standards d’accessibilité de base, et le résultat est paradoxalement excluant pour une partie des utilisateurs.

C’est pour cela que je défends l’idée qu’il faut traiter ces deux dimensions distinctement, tout en les reliant. L’accessibilité est le socle technique indispensable, et le design inclusif est la démarche créative et stratégique qui permet d’aller plus loin.

Comment j’articule accessibilité et inclusivité dans mes projets

Dans mon expérience, la clé est de considérer l’accessibilité comme un minimum garanti et le design inclusif comme un horizon à atteindre.

Concrètement, cela signifie que je commence toujours par m’assurer que le produit respecte les standards d’accessibilité. C’est une étape incontournable, qui nécessite parfois de sensibiliser les équipes, de former les designers et développeurs aux bonnes pratiques, et d’intégrer des checklists ou des audits réguliers.

Une fois ce socle posé, je cherche à aller au-delà en intégrant une démarche inclusive dès la conception. Cela passe par la diversité des personas utilisés, par des scénarios de tests qui incluent des contextes variés, par des choix de design qui privilégient la flexibilité et l’adaptabilité.

Par exemple, lors d’un projet d’application mobile, nous avons non seulement veillé à ce que les contrastes et les tailles de caractères respectent les normes, mais nous avons aussi pensé des modes d’usage différents : un mode simplifié pour les personnes moins à l’aise avec le numérique, et un mode avancé pour ceux qui voulaient accéder à plus de fonctionnalités rapidement. Ce type d’approche dépasse l’accessibilité au sens strict et illustre ce que j’appelle une démarche inclusive.

Vers une vision plus responsable du design

Faire la distinction entre accessibilité et inclusivité, c’est aussi une manière d’assumer notre responsabilité de concepteurs. L’accessibilité nous rappelle qu’il existe des obligations minimales que nous ne pouvons pas ignorer. Le design inclusif, lui, nous pousse à élargir notre champ de vision, à imaginer des produits qui ne se contentent pas d’être utilisables, mais qui cherchent à être réellement accueillants pour une diversité d’expériences.

Dans un monde où les usages numériques occupent une place centrale dans nos vies, cette responsabilité est majeure. Concevoir uniquement pour une fraction d’utilisateurs, c’est risquer de renforcer des inégalités. À l’inverse, prendre au sérieux l’accessibilité et l’inclusivité, c’est contribuer à rendre le numérique plus juste et plus humain.

Conclusion

L’accessibilité et le design inclusif ne sont pas deux termes interchangeables. Le premier désigne un socle technique et normatif indispensable pour garantir que personne ne soit laissé de côté. Le second décrit une démarche plus large, qui vise à concevoir dès le départ pour une pluralité de contextes et de situations.

Dans ma pratique, je considère que l’un ne va pas sans l’autre. L’accessibilité est la base incontournable ; le design inclusif est l’ambition qui donne toute sa richesse au produit. Ensemble, ils permettent de créer des expériences numériques qui ne se contentent pas d’être utilisables, mais qui sont réellement accueillantes et significatives pour chacun.

C’est en tenant cette distinction que j’ai pu, projet après projet, concevoir des solutions plus robustes, plus pertinentes et surtout plus humaines.

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